C’est la mission de Lynn Polsun de lutter contre les troubles du vieillissement cérébral. La plupart des recherches sur le cerveau ne se concentrent pas sur les femmes, pourtant les femmes représentent 70 % des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Dans cet épisode de Bold(h)er, découvrez les choix de vie importants qui protègent la santé de votre cerveau à mesure que vous vieillissez, dès l’âge de 20 ans.

Remarque à l’intention du lecteur : Les déclarations et les opinions exprimées par les personnes invitées et interrogées leur appartiennent et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de la Banque de Montréal ou de ses sociétés affiliées.

Lynn Posluns :

On doit informer les gens de tous âges de ce qu’ils peuvent faire afin de mettre toutes les chances de leur côté pour rester en bonne santé cérébrale lorsqu’ils seront plus âgés.

(Musique)

Lisa Bragg :

Bienvenue à Audacieu(se), un balado relatant des histoires de femmes qui se distinguent, destiné à leurs semblables, et qui vous est présenté par BMOpourElles. Ici Lisa Bragg.

Un grand nombre d’entre nous avons des histoires personnelles sur des membres de notre famille atteints de troubles liés au vieillissement cérébral. Je pourrais vous raconter l’histoire de membres de ma famille atteints de démence vasculaire ou d’Alzheimer. Lorsque Lynn Posluns a décidé d’aborder la santé cérébrale des femmes en créant l’organisme de bienfaisance Women’s Brain Health Initiative il y a plus de dix ans, elle était davantage axée sur l’avenir. C’est là où en est sa réflexion aujourd’hui.

Lynn, vous êtes la fondatrice, présidente et chef de la direction de la Women’s Brain Health Initiative. Qu’est-ce qui vous a donné envie de prendre cet engagement?

Lynn Posluns :

Je participais à une collecte de fonds pour un autre institut de santé cérébrale à Toronto. Cet institut était également lié à un institut de recherche. J’ai appris à ce moment-là que les femmes étaient plus sujettes que les hommes aux maladies du vieillissement du cerveau comme la maladie d’Alzheimer, mais que la recherche était axée sur les hommes. À cette époque, je n’avais pas de petits-enfants, mais j’étais troublée de penser qu’un jour, lorsque j’en aurais, je ne les reconnaîtrais peut-être pas.

De plus, il m’est un peu trop souvent arrivé de me rendre dans un stationnement pour trouver ma voiture et de ne plus me rappeler où elle se trouvait. Je dirais que c’était une combinaison de différentes choses. À ce moment-là, j’ai réalisé que les femmes étaient plus vulnérables et j’étais troublée de constater que ces chercheurs ne se concentraient pas sur les femmes. Je me suis dit que je pouvais faire quelque chose et que je pouvais sensibiliser les gens à ce sujet, puis amasser des fonds pour cette cause. Si les gens savaient que la recherche sur les maladies, comme la maladie d’Alzheimer, qui est la principale source de démence, était axée uniquement sur les hommes, je crois qu’ils ne seraient pas non plus d’accord avec cela.

Lisa Bragg :

J’ai consulté votre site Web, womenbrainhealth.org. On y trouve des recherches, des statistiques et de nombreux conseils très utiles. À la page que j’ai consultée, on indiquait que 70 % des personnes atteintes d’Alzheimer sont des femmes. Le sous-titre indiquait également que ce chiffre imposant ne pouvait être ignoré. On ne peut ignorer le fait d’avoir ces conversations, quand les gens viennent vous voir et nous demandent de l’aide. Que puis-je faire? Comment aidez-vous ces gens?

Lynn Posluns :

Les recherches ont démontré plusieurs éléments, tant pour les hommes que pour les femmes. Lorsque les symptômes de la démence et de la maladie d’Alzheimer se manifestent, il est probable que les dommages se soient produits 20 à 25 ans plus tôt. Cela signifie que la maladie d’Alzheimer est une maladie qui atteint les personnes en milieu de vie, mais dont les symptômes apparaissent à un âge avancé. Cela signifie que vous êtes peut-être asymptomatique et qu’il se produit déjà quelque chose dans votre cerveau qui nuira à vos capacités cognitives lorsque vous serez plus âgé. Une grande partie des images sont celles d’une personne âgée en fauteuil roulant. Alors, comment peut-on commencer à parler aux gens plus jeunes de ce qu’ils peuvent faire pour protéger leur santé cérébrale?

J’ai aussi appris que selon les données scientifiques, jusqu’à 40 % des cas de démence peuvent être évités grâce à des choix de mode de vie, tant pour les hommes et que les femmes. Et ce n’est pas rien. Si vous aviez 40 % de chances de gagner un billet de loterie, n’iriez-vous pas en acheter un? Ces chances sont excellentes. Nous avons plus de contrôle que nous le pensons. Mais qu’est-ce que ça signifie? Qu’entend-on par contrôle? Même si vous avez le gène de la maladie d’Alzheimer, cela ne veut pas dire que vous aurez cette maladie. Mais si vous n’avez pas ce gène, vous pouvez tout de même la contracter. La différence réside dans l’environnement, les choix de mode de vie et les choses que vous pouvez contrôler. Vous ne pouvez pas contrôler vos gènes ni votre âge, mais si le fait de contrôler votre mode de vie faisait en sorte de réduire votre risque de contracter la maladie de 40 %, pourquoi ne le feriez-vous pas?

Quels sont ces choix de mode de vie? Il s’agit des six piliers de la santé cérébrale. Une grande partie de ce que nous accomplissons dans le cadre de nos programmes d’éducation préventive en santé s’articule autour de ces six piliers. L’un de ces piliers est la nutrition. On sait que le sucre, le sel et les matières grasses traversent la barrière hématoencéphalique et créent des « trous » dans notre cerveau. Il faut faire attention à ce qu’on mange. Le régime de facto qui s’est avéré le plus efficace pour réduire le risque d’Alzheimer est le régime MIND. Il combine le régime méditerranéen, comme la plupart des gens le savent, qui est axé sur des aliments comme le poisson, l’huile d’olive, les fruits, les noix et les légumes, et le régime DASH, qui est à faible teneur en sodium afin de prévenir l’hypertension.

Il s’agit d’une combinaison de ces deux régimes. Voilà en quoi consiste le régime MIND. Il a été démontré que cette méthode est la plus efficace pour réduire le risque de maladie d’Alzheimer. Ce régime est d’ailleurs plus facile à suivre que le régime méditerranéen. Et c’est parce qu’il y a une journée de « tricherie », mais on ne peut pas tomber dans le piège. Ce n’est pas seulement parce que vous mangez des bleuets chaque jour, ça va plus loin que cela. Il s’agit de la combinaison de ce qu’on mange et de ce qu’on ne mange pas.

Le deuxième pilier est le sommeil. Les femmes ne dorment pas particulièrement bien. S’occuper d’un bébé peut les garder éveillées la nuit. Les femmes qui ont des adolescents savent que ceux-ci aiment discuter au milieu de la nuit. Et une fois qu’elles ont atteint la ménopause, elles ne dorment pas mieux. Le manque de sommeil a donc un effet néfaste sur elles. Cela signifie que la mémoire n’est pas consolidée et que le cerveau ne se débarrasse pas de ses toxines. Les toxines consistent en des plaques séniles qui s’accumulent dans le cerveau. Elles peuvent créer des problèmes de connexion et de communication entre les neurones. Il faut donc dormir de sept à huit heures chaque nuit. Cela ne signifie pas de passer toutes les nuits à travailler, puis de dormir la fin de semaine. On doit dormir toutes les nuits. Faire de l’exercice favorise l’irrigation sanguine et l’oxygénation du cerveau. Donc il est très important de rester actif physiquement. Ce n’est pas seulement bon pour votre cœur, c’est aussi bon pour votre cerveau. Il a été difficile de pratiquer des activités sociales pendant la pandémie de COVID-19. Le fait de conserver des liens sociaux contribue à réduire les sentiments de solitude et de dépression. Si ces derniers ne sont pas traités, ils peuvent mener à la démence. Donc, l’activité sociale est très importante.

La réduction du stress – les niveaux de stress chronique pendant de longues périodes entraînent le vieillissement prématuré de toutes les cellules, y compris celles du cerveau. Il est donc important de trouver ce qui vous aide à contrôler votre niveau de stress. Le troisième élément est la stimulation mentale. On doit continuer d’apprendre de nouvelles choses. Plus l’apprentissage est complexe, mieux c’est. Par exemple, apprendre une nouvelle langue, apprendre à danser le tango ou à jouer d’un instrument de musique. Mais il peut aussi s’agir de choses simples. Se brosser les dents avec sa main non dominante. Si vous êtes droitier, utilisez votre main gauche. Chaque jour, changez votre façon de faire. Ces six piliers réunis vous donneront de meilleures chances de réduire le risque de développer la maladie d’Alzheimer.

Lisa Bragg :

J’ai aussi vu que vous avez lancé un défi aux gens, qui consistait à écrire leur nom avec leur main non dominante. Donc vous avez demandé aux droitiers d’écrire de la main gauche. Quel défi amusant! Quels autres défis simples et amusants proposez-vous?

Lynn Posluns :

En 2019, nous avons réussi à convaincre le gouvernement du Canada de souligner la Journée de la santé cérébrale des femmes dans le calendrier national de la santé afin de sensibiliser les gens et de les inciter à se rallier à cette cause. Nous avons donc profité de l’occasion pour marquer cette journée en lançant un défi viral amusant aux gens. Dans le cadre de ce défi, les gens devaient se filmer, publier la vidéo sur les médias sociaux et identifier deux personnes pour voir si elles souhaiteraient faire un don à la Women’s Brain Health Initiative afin de financer davantage de recherches qui répondent mieux aux besoins des femmes. En effet, l’autre défi consistant à utiliser sa main non dominante était celui de l’an dernier.

Nous avons également lancé un défi lié à la mémoire : les gens devaient placer sept cartes de jeu face visible, les regarder pendant 10 secondes, puis les retourner face cachée. Ensuite, ils devaient les mémoriser. Ils n’avaient pas à mémoriser l’enseigne des cartes, c’est un niveau encore plus élevé, mais le numéro qui y figurait. Nous avons lancé un défi au cours de notre première année, parce que nous avions une tête d’avance en matière de santé cérébrale des femmes. Ce défi consistait à se tenir en équilibre sur la tête. Nous l’avons fait et avons lancé le défi au public. Cette année, il s’agit d’un défi de coordination. C’est ce qu’on appelle le défi chef d’orchestre, car il consiste à dessiner simultanément une ligne verticale imaginaire d’une main (en 2 temps) et un triangle (en 3 temps) de l’autre main. C’est un peu comme se taper la tête tout en se frottant le ventre.

Lisa Bragg :

Si vous êtes au volant en ce moment, ne le faites pas. Mais si vous promenez votre chien ou êtes assis à la maison et que vous nous écoutez, nous pouvons essayer de le faire ensemble. Pouvez-vous répéter ce que nous devons faire?

Lynn Posluns :

D’une main, vous dessinez une ligne verticale imaginaire vers le haut et vers le bas, en deux temps. Et de l’autre main, vous dessinez un triangle en trois temps. Vous devez faire cela en même temps. Ce n’est pas facile.

Lisa Bragg :

En effet, ce n’est pas si facile. Incroyable. Oui. C’est un bon défi à relever. Mais oui, je me souviens du défi où l’on devait se taper la tête tout en se frottant le ventre. Un autre défi consistait à placer les bras d’une manière différente tout en bougeant en même temps. Il s’agit de petits défis qui vont remuer juste assez vos méninges pour les stimuler.

Lynn Posluns :

Stimulated.

Lisa Bragg :

Je sais que beaucoup de gens vont tenter de relever ces défis alors qu’ils sont dans un autobus : songez à le faire à petite échelle pendant le trajet jusqu’à la maison.

Lynn Posluns :

À ce sujet, j’ai visionné l’une des vidéos Mind Over Matter que nous avons récemment produites. Chacune de ces vidéos porte sur l’un des piliers de la santé cérébrale. Nous avons discuté avec le Dr David Posen, qui nous a parlé de la gestion du stress. L’un des outils qu’il a mentionnés consistait à mettre un élastique autour du poignet et à le « claquer » sur la peau. Vous savez sûrement de quoi je parle : on se concentre sur quelque chose encore et encore, on y pense encore et encore, et on devient de plus en plus stressé.

Lisa Bragg :

Oui.

Lynn Posluns :

C’est un signal avertisseur, et on se dit « ça suffit ». Claquer l’élastique sur le poignet amène à dire : « Cesse de suivre cette voie et essaie de te recentrer sur celle-ci. » Encore une fois, il est préférable de ne pas faire cela en public, car les gens peuvent se demander ce que vous vous faites subir.

But there are little tips and tricks that we like to share. Nous aimons partager ces petits conseils et astuces grâce à des initiatives, notamment celle que nous lancerons le 2 décembre pour marquer la Journée de la santé cérébrale des femmes. Il s’agit d’une application mobile qui porte sur les six piliers de la santé cérébrale. Les gens peuvent adopter de nombreuses microhabitudes, qui sont généralement accessibles et faciles à prendre. Celles-ci sont fondées sur ces piliers et peuvent réduire le risque de démence ou en retarder l’apparition. Parce qu’on veut en retarder l’apparition le plus possible. On veut que le corps et le cerveau évoluent en même temps.

Cette nouvelle application, que nous lancerons le 2 décembre pour marquer la Journée de la santé cérébrale des femmes, est gratuite. Il s’agit d’un outil de suivi des habitudes. Il est important d’en faire le suivi, car on doit savoir ce que l’on fait et suivre nos progrès. Ensuite, une fois ces habitudes intégrées à la routine quotidienne – par exemple, se brosser les dents est une habitude, mais on n’y pense plus – on peut les changer et en acquérir de nouvelles. Encore une fois, tout cela vise à améliorer la santé cérébrale. Cette application, intitulée BrainFit, pourra être téléchargée gratuitement dans l’App Store.

Lisa Bragg :

Quel cadeau à offrir non seulement à soi-même, mais aussi aux autres, afin de leur montrer qu’ils peuvent utiliser cette application pour créer des outils qui les aideront! Parce qu’on oublie souvent que notre corps et notre cerveau sont liés. En vieillissant, on s’inquiète beaucoup de notre santé physique, de notre mobilité, entre autres, mais on ne songe pas à notre cerveau et à sa stimulation. D’ailleurs, je suis très heureuse qu’on puisse commencer à prendre des mesures à tout moment. Il n’est pas nécessaire d’avoir plus de 70 ans, on peut commencer dès aujourd’hui. Si vous avez plus de 80 ans, vous pouvez commencer dès aujourd’hui. Si vous êtes dans la vingtaine, vous pouvez aussi commencer dès maintenant à prendre ces habitudes qui vous aideront toute votre vie. Ensuite, on les enseigne aux autres. On les partage.

Lynn Posluns :

Vous parlez de la vingtaine. Mme Sandra Black, de l’Institut de recherche Sunnybrook, étudie l’imagerie cérébrale. Elle a mentionné une étude à laquelle elle n’a pas participé. Elle m’a dit que c’est à 70 ou 80 ans que l’exercice a la plus grande incidence sur la santé cérébrale. Tout se joue dans la vingtaine. In your 20s. Les décisions prises aujourd’hui par les jeunes dans la vingtaine auront une incidence sur le fonctionnement de leur cerveau lorsqu’ils auront 80 ans. C’est pourquoi je dis qu’il faut remonter à un si jeune âge. On doit informer les gens de tous âges de ce qu’ils peuvent faire afin de mettre toutes les chances de leur côté pour rester en bonne santé cérébrale lorsqu’ils seront plus âgés.

Lisa Bragg :

À votre avis, pourquoi dit-on encore que les femmes ne sont pas au premier plan de la recherche et pourquoi ne sommes-nous pas prises en considération? Quelqu’un va dire : « Eh bien, c’est à cause des hormones. »

Ou : « Il faut protéger les femmes. »

Lynn Posluns :

Vous avez raison. Je crois que les hormones jouent un rôle important. Que se passe-t-il si, dans le cadre d’une recherche sur les rats de laboratoire, on sauve les rats, parce que les hormones des rates rendent la recherche trop complexe? Qu’est-ce que cela signifie? Le cycle menstruel est très rapide chez les rates, donc il faudra peut-être cinq fois plus de rates pour tenir compte de ce phénomène. La recherche est coûteuse, donc lorsque l’on étudie les rates, les coûts augmentent davantage.

Donc, cela peut devenir dispendieux. Je comprends que les rates peuvent devenir agressives lorsqu’elles sont en cage, mais on ne peut quand même pas ignorer la moitié de la population.

Il existait un principe selon lequel si l’on étudiait les hommes, on pouvait appliquer les conclusions de ces recherches aux femmes. À part ce qu’on appelle la médecine bikini, tout ce qui est couvert par le bikini – par exemple, le cancer du sein, le cancer de l’ovaire, la ménopause et la grossesse – sera évidemment examiné en fonction du sexe. Pour ce qui est des autres organes, il était plus simple et moins coûteux d’étudier les hommes et d’appliquer les conclusions de ces recherches aux femmes. Je suis désolée, mais ce n’est pas suffisant. Parce que nous savons qu’aujourd’hui, les femmes sont plus sujettes aux maladies du vieillissement du cerveau, comme la maladie d’Alzheimer. Elles souffrent de stress, de dépression et d’anxiété. Si ces troubles ne sont pas traités, ils peuvent mener à la démence. Les femmes en souffrent deux fois plus que les hommes. De plus, les femmes sont deux fois et demie plus susceptibles d’être soignantes. D’ailleurs, la plupart des soignantes placent la santé des autres avant la leur, y compris leur santé cérébrale. Elles sont trop stressées, ne s’alimentent pas correctement, ne dorment pas bien, donc elles peuvent aussi peuvent développer des maladies. Peut-être même avant la personne dont elles s’occupent.

Les femmes sont à l’épicentre des maladies du vieillissement du cerveau. J’avais l’impression qu’il était inéquitable de ne pas tenir compte des femmes. On ne veut pas négliger les hommes, mais on doit tout de même tenir compte des femmes pour comprendre pourquoi. Comme il a été reconnu il y a 20 ans, les symptômes de crise cardiaque d’une femme peuvent être différents de ceux d’un homme. Les femmes peuvent aussi présenter d’autres symptômes, rendant la crise cardiaque plus difficile à cerner. La dépression est un problème important.

Lisa Bragg :

Donc, qu’est-ce qui commence à se produire grâce à votre travail acharné au sein de l’organisation? Que remarque-t-on?

Lynn Posluns :

Nous commençons certainement à constater un changement chez les chercheurs. Ils comprennent qu’ils ne peuvent pas ignorer les femmes dans leurs études et que pour avoir de bonnes données scientifiques, ils doivent tenir compte à la fois du sexe et du genre, donc des facteurs sociaux et biologiques. Grâce au travail d’organisations comme la Women’s Brain Health Initiative, un plus grand nombre de scientifiques tiennent compte du sexe et du genre aujourd’hui.

Lorsque j’ai lancé la Women’s Brain Health Initiative, je me souviens que j’ai eu Heather Reisman comme mentore. Non seulement elle a organisé une activité de collecte de fonds pour moi à son domicile, ce qui était fantastique, mais elle m’a aussi donné d’excellents conseils sur la façon de faire avancer les choses. Elle m’a dit : « Pour qu’une initiative soit mise en œuvre, elle doit être financée. » Donc, si je voulais que les scientifiques tiennent compte des femmes dans leurs études, je devais amasser les fonds nécessaires et les remettre à ces scientifiques pour en être certaine. D’ailleurs, cette situation est de plus en plus populaire.

Nous avons fondé la première chaire de recherche sur le vieillissement et la santé cérébrale des femmes, qui a été accordée à Mme Gillian Einstein, de l’Université de Toronto. Nous l’avons cofondée avec les Instituts de recherche en santé du Canada. Qui refuserait qu’une Einstein s’occupe de son cerveau?

Lisa Bragg :

Évidemment.

Lynn Posluns :

Cette femme incroyable étudie l’impact des hormones, car toutes les femmes vivent la ménopause. En quoi consiste l’épuisement hormonal? On sait que la testostérone se transforme en œstrogène dans le cerveau. Est-ce une raison pour laquelle les hommes sont moins sujets aux maladies du vieillissement du cerveau que les femmes? Vous ne le savez pas? Si vous ne l’étudiez pas, vous ne pourrez pas comprendre. On sait que le risque de démence chez les femmes qui ont subi l’ablation des ovaires avant l’apparition naturelle de la ménopause augmente de 240 % lorsqu’elles sont plus âgées. C’est énorme. Cela signifie évidemment qu’il y a un lien entre les hormones et la santé cérébrale.

Lisa Bragg :

C’est vrai. C’est un énorme indicateur. Faites des recherches à ce sujet. Penchez-vous sur la question.

Selon vous, ce sujet suscite-t-il l’intérêt de plus en plus de gens? Nous entendons encore plus d’histoires sur la santé cérébrale. Constatez-vous que de plus en plus de gens viennent vous voir, consultent votre site Web et participent à vos événements?

Lynn Posluns :

Absolument. Nous travaillons dans ce domaine depuis 10 ans et constatons que beaucoup de gens ne savent pas encore que les femmes sont plus à risque et que la plupart des recherches portent encore sur les hommes. Mais oui, il y a eu un changement. Aujourd’hui, même si nous avons peut-être une longueur d’avance, beaucoup de gens se concentrent davantage sur la santé cérébrale. Pourquoi? On ne met pas l’accent sur les maladies. On parle de prévention. On se concentre sur les aspects positifs. On veut donner aux gens l’espoir qu’ils peuvent faire quelque chose, qu’ils aient 20 ans ou 80 ans. Plus on en fait et plus tôt on le fait, mieux c’est, bien sûr. Mais plus on en fait, plus l’effet de protection sera renforcé lorsqu’on sera âgé. De plus en plus de gens vivent plus longtemps, ce qui est très bien, mais ce que l’on veut, c’est vivre plus longtemps et garder intacts nos souvenirs et nos capacités cognitives.

Lisa Bragg :

En effet. Mais il arrive à tout le monde d’oublier où se trouvent ses clés de voiture. Je crois que c’est en grande partie parce que nous sommes distraits, mais c’est aussi un sujet sur lequel démarrer une conversation avec quelqu’un. J’aime le fait que vous soyez axée sur la recherche et aussi que dans le cadre de l’initiative, vous disposiez de la recherche et de l’éducation nécessaires pour donner de l’espoir aux gens, car ce qui se passe dans le monde est lourd en ce moment, et cet espoir est précieux.

Lynn Posluns :

Tout à l’heure, j’ai parlé des piliers qui protègent notre santé cérébrale et qui favorisent la santé globale. Malheureusement, en raison de la pandémie de COVID-19, beaucoup de personnes ont adopté de très mauvaises habitudes. Elles ne faisaient pas d’exercice et leur mode de vie était très sédentaire, ce qui est néfaste pour la santé. Elles ne s’alimentaient pas correctement et ont subi un stress excessif. Encore une fois, cela n’a pas seulement touché les adultes, mais aussi les enfants.

C’est pourquoi nous avons récemment lancé le programme Brainable. Il est destiné aux enfants de la 5e à la 8année de l’école intermédiaire et est offert en français et en anglais. Il porte sur les six piliers de la santé cérébrale, que nous appelons les fonctions de stimulation du cerveau. On appelle « briseurs de cerveau » les choses qui mettent en péril la santé cérébrale. Ce programme est donc conçu pour un public différent.

Nous avons également mis sur pied l’initiative BrainSuite, qui est conçue pour les jeunes adultes. Encore une fois, nous essayons de rejoindre différents publics, car les gens doivent être informés de ces renseignements importants.

Lisa Bragg :

En quoi consistent les briseurs de cerveau? Je crois que la cigarette figure sur la liste, et qu’elle figure sur toutes les listes. Quels sont les autres briseurs de cerveau?

Lynn Posluns :

Tant pour les enfants que pour les adultes, il y a les commotions cérébrales, les problèmes de santé mentale non traités, et encore une fois, un mode de vie sédentaire. Pour les gens plus âgés, un taux de glycémie élevée et l’hypertension artérielle sont nocifs pour la santé cérébrale.

Lisa Bragg :

On pense souvent que tout doit coûter de l’argent. Qu’on doit s’inscrire à un grand centre de conditionnement physique de luxe. Mais il y a des choses qui sont accessibles gratuitement sur votre site Web. Pouvez-vous nous en dire plus?

Lynn Posluns :

Bien sûr. Cela fait partie des initiatives d’éducation préventive en santé que nous avons mises en place. Sur le site Web de l’initiative Mind Over Matter, on propose une fabuleuse série de magazines, qui sont fondés sur des données probantes. Leur contenu est rédigé en termes simples pour en faciliter la compréhension. À l’heure actuelle, grâce à notre partenaire, la Fondation Brain Canada, nous sommes en mesure de les offrir gratuitement au public. Nous en produisons deux par année. Vous pouvez consulter le site Web et cliquer sur les liens de téléchargement.

En fait, les gens ont tellement trouvé les articles intéressants que nous avons reçu des demandes d’exemplaires supplémentaires pour permettre aux gens de les distribuer à leur club de lecture ou à leur groupe social et de discuter des articles la prochaine fois qu’ils se réuniront. Nous offrons également un programme pour les clubs de lecture ou les groupes sociaux. Vous devez simplement télécharger un formulaire, puis indiquer où vous vous situez et le nombre de membres que compte votre club pour que nous puissions vous envoyer des exemplaires du magazine.

Encore une fois, nous avons pris connaissance de renseignements semblables. Nous avons créé une série de balados, toujours sous le nom de Mind Over Matter, qui peuvent être téléchargés gratuitement. Nous avons aussi produit une série de vidéos. Tout à l’heure, j’ai parlé de la technique du Dr Posen dans laquelle on utilise la bande élastique et de la façon de la claquer sur la peau pour gérer le stress. Nous sommes en train d’en produire. Nous proposons aussi une application, qui pourra être téléchargée gratuitement dès qu’elle sera disponible.

Nous avons également mis sur pied les vidéos Brain Buzz, dont la durée est d’une ou deux minutes. Elles sont très courtes, de qualité et faciles à consulter sur le site Web. Ces vidéos contiennent de nombreux conseils et astuces sur la protection de la santé cérébrale.

Lisa Bragg :

Lynn, je suis heureuse que vous participiez à l’émission, car vous vous êtes également associée à BMOpourElles. Dites-nous ce que cette initiative signifiera pour votre organisation et pour les gens qui nous écoutent aujourd’hui.

Lynn Posluns :

Nous sommes ravis de ce nouveau partenariat, car grâce à l’aide de BMO, nous pouvons diffuser largement le message en rejoignant plus de gens, plus de femmes, plus d’hommes : des hommes qui aiment les femmes qui font partie de leur vie, leur épouse et leurs filles, leur meilleure amie. Pour l’avenir. D’ailleurs, plus les gens sont conscients de la situation, plus ils prendront de mesures pour qu’un plus grand nombre de gens disent qu’ils sont désolés, mais que le fait d’ignorer les femmes dans le cadre d’études n’est pas suffisant. On veut donc amasser plus de fonds pour que des recherches qui répondent mieux aux besoins des femmes soient menées et mieux éduquer les gens. On souhaite qu’ils soient ouverts à apprendre de nouvelles choses, mais ils doivent d’abord être conscients de la problématique. Les occasions sont donc infinies grâce à ce nouveau partenariat avec BMO, et nous sommes tout simplement enchantés.

Lisa Bragg :

Avant de terminer, avez-vous un petit conseil qui pourrait transformer la vie des gens?

Lynn Posluns :

Il s’agit simplement de bouger. Bougez! Bougez! Il n’est pas nécessaire que l’intensité de l’activité soit élevée, mais plus vous bougez, mieux c’est. Allez marcher. Allez marcher avec un ami, allez dans la nature. Cela favorise la santé cérébrale et réduit le stress. Soyez créatif. Peignez quelque chose! Apprenez quelque chose de nouveau! Rédiger un journal favorise également la réduction du stress. Il s’agit de petites habitudes qui peuvent être prises assez facilement. L’accumulation de celles-ci vous donnera les meilleures chances de garder votre cerveau en santé plus longtemps.

(Musique)

Lisa Bragg :

Lynn, à Audacieu(se), nous posons toujours ces trois questions : À quel moment auriez-vous aimé être plus audacieuse?

Lynn Posluns :

C’est une excellente question. Je crois que j’ai du cran, parce que j’aime apprendre de nouvelles choses, évidemment. À mes débuts, il y avait beaucoup de récalcitrants dans la communauté scientifique. J’ai eu l’audace de dire : « Vous devez absolument étudier le cerveau des femmes » alors que tout le monde me disait que ce n’était pas nécessaire. Il en a fallu, du cran.

Hm. Je ne sais pas. Je peux parfois être trop polie. Je me mords la langue, mais j’aurais peut-être pu être plus audacieuse et dire aux gens ce que je pensais vraiment. Je ne sais pas si cela me convient.

Lisa Bragg :

Vous avez peut-être déjà répondu à ma prochaine question : quelle est la chose la plus audacieuse que vous ayez jamais faite?

Lynn Posluns :

I think this. J’ai renoncé à mon emploi rémunéré pour faire un travail non rémunéré au cours des 10 dernières années. Heureusement, ma famille m’a beaucoup aidée dans ce parcours, car il est évident que je ne pouvais pas y arriver sans son soutien. J’ai également une équipe fantastique. Elle compte peu de personnes, mais celles-ci sont très dynamiques et adorent apprendre de nouvelles choses.

Lisa Bragg :

Que diriez-vous à la jeune fille de 20 ans que vous étiez?

Lynn Posluns :

De mieux s’alimenter. J’avais l’habitude de fumer. J’avais de très mauvaises habitudes. J’étais à l’université et je ne m’alimentais pas correctement. À l’époque, j’étudiais toute la nuit et je faisais ma maîtrise en administration des affaires. Je ne me souciais pas vraiment de ma santé, encore moins de ma santé cérébrale. Je suppose que je me dirais de faire plus attention. Si l’on veut rester en santé cérébrale lorsqu’on sera plus âgé, il faut faire attention maintenant. Je n’étais pas très douée pour prendre ces habitudes. Je ne dors toujours pas bien, je dois l’admettre. Mais je mange mieux, je suis beaucoup plus active physiquement et je ne fume plus.

(Musique)

Lisa Bragg :

C’est ce qui conclut cet épisode d’Audacieu(se), qui vous a été présenté par BMOpourElles. Ici Lisa Bragg. Pour en savoir plus, consultez le site Web womensbrainhealth.org (en anglais seulement). Merci de nous avoir écoutées et pensez à partager cet important épisode avec les autres afin qu’ils puissent en profiter.